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Le désentrainement après une blessure : le comprendre et le gérer en kinésithérapie

Dans le monde compétitif du sport, les athlètes s’efforcent constamment d’atteindre et de maintenir un niveau de performance physique optimal.

Cependant, les blessures, inévitables (allez, arrêtons de nous mentir, le sport-performance est quasiment indissociable de la blessure…) dans la carrière de tout sportif, peuvent entraîner une période d’inactivité connue sous le nom de « detraining » (in english please) ou « désentrainement« .

Ce phénomène, souvent inévitable (si on ne sait pas le gérer de manière optimale), se caractérise par une perte significative des adaptations physiologiques et psychologiques acquises grâce à l’entraînement régulier.

Et tous les gains que l’on acquiert à la suite d’années et d’années d’entrainement… bah on est dégouté si on les perd, non ?!

Le detraining n’est pas simplement une pause dans l’entraînement ; c’est une régression des capacités qui peut avoir des conséquences profondes sur la forme physique, la performance, et le bien-être mental de l’athlète (et cela, peu importe son niveau).

Comprendre le detraining est crucial pour les kinés, les coachs, et les professionnels qui entourent les sportifs, car il joue un rôle clé dans la réathlétisation.

Eh oui : quand les patients sportifs arrivent au cabinet, tu n’as pas le droit de juste prendre en charge leur douleur ou leur blessure.

Non, tu te dois d’éviter le désentrainement, car c’est totalement dans tes cordes.

Dans cet article, nous allons explorer les divers aspects du detraining : de sa définition et de ses effets physiologiques et psychologiques, aux stratégies pour le gérer et le prévenir.

Nous aborderons également comment les athlètes peuvent reprendre leur entraînement de manière efficace et sécuritaire après une blessure.

En te fournissant des informations evidence based, cet article va t’offrir une vraie base solide pour développer tes capacités de « réathlétisateur ».

Définition du « désentrainement » ou du « detraining »

Le detraining, ou désentrainement en français, est un phénomène qui se produit lorsqu’un athlète réduit considérablement ou arrête complètement son programme d’entraînement habituel.

Cette situation survient souvent à la suite d’une blessure, d’une maladie, ou d’une pause planifiée dans l’entraînement (bon, souvent on évite les pauses quand même).

Physiologiquement, le detraining entraîne plusieurs changements notables…

Diminution des capacités cardio-vasculaires :

La capacité du cœur à pomper le sang efficacement et l’aptitude des muscles à utiliser l’oxygène diminuent, entraînant une baisse de l’endurance et des capacités cardiovasculaires et respiratoires.

Perte de force et de masse musculaire :

Sans stimulation régulière, les muscles perdent progressivement leur force et leur volume, un phénomène connu sous le nom d’atrophie musculaire (et nous, en tant que sportifs qui aimont bien faire les biceps… on veut pas).

Diminution de la souplesse :

L’absence d’activité physique régulière peut entraîner une diminution de la souplesse et de l’amplitude des mouvements.

Modifications métaboliques :

Le métabolisme peut ralentir, affectant la composition corporelle et l’utilisation de l’énergie…

Pas ouf quoi.

Sur le plan psychologique, le detraining peut également avoir des impacts significatifs !

Baisse de la motivation et de l’estime de soi :

L’arrêt de l’entraînement peut affecter négativement la perception de soi et la motivation à s’entraîner et à concourir. On perd en capacité physique, on se sent régresser… donc mentalement : c’est dur, et on rentre facilement dans un cercle vicieux.

Augmentation du stress et de l’anxiété :

Les athlètes peuvent ressentir une augmentation du stress et de l’anxiété en raison de la perte de leur routine d’entrainement et de la peur de la diminution de la performance.

Il est important de noter que l’ampleur et la rapidité des effets du detraining varient selon l’individu, le type et la durée de l’entraînement habituel, le sport pratiqué, ainsi que la durée de l’arrêt sportif. Certains athlètes peuvent ressentir les effets du detraining en quelques semaines, tandis que pour d’autres, cela peut prendre plus de temps.

Mais au niveau physiologique général… ça diminue très rapidement !

La physiologie du désentrainement :

Rentrons un peu plus en détail dans l’altération des capacités physiques suite à l’arrêt de l’entrainement.

Diminution de la capacité cardiovasculaire :

Réduction du volume d’éjection systolique :

Le cœur s’adapte à un entraînement régulier en augmentant sa capacité à pomper le sang. Lors d’une période de detraining, le volume d’éjection systolique du cœur diminue, réduisant ainsi l’efficacité avec laquelle le sang et l’oxygène sont distribués dans le corps.

Baisse du VO2 Max :

Le VO2 max, ou la capacité maximale du corps à transporter et à utiliser l’oxygène pendant l’exercice, diminue également.

Tu te doutes bien que les performances sportives diminuent en conséquence…

Perte de force et de masse musculaire :

Atrophie musculaire :

Sans stimulation régulière, les fibres musculaires subissent une atrophie. Cela se traduit par une diminution de la taille et de la force des muscles.

Changements dans la composition des fibres musculaires :

Le detraining peut également entraîner un changement dans le type de fibres musculaires, avec une tendance à une augmentation des fibres de type I (endurance) aux dépens des fibres de type II (force et puissance).

Et on le sait : la force est la qualité physique la plus importante en ce qui concerne le risque relatif de blessure.

Réduction de la souplesse :

L’absence d’activités qui sollicitent de la tension (et donc des étirements, n’en déplaisent aux ennemis de cette pratique qui est en réalité… simplement du mouvement) régulièrement peut entraîner une diminution de la souplesse des tissus mous, limitant ainsi l’amplitude des mouvements et augmentant potentiellement le risque de douleurs à la reprise du sport (et surtout : l’athlète va devoir passer des heures à se mobiliser pour retrouver sa souplesse, et c’est vraiment très chiant).

Modifications métaboliques :

« Ralentissement » du métabolisme :

Le métabolisme basal peut diminuer, affectant la composition corporelle (genre… une augmentation du taux de masse grasse) et la capacité du corps à brûler les lipides et les glucides de manière efficace.

Pas terrible.

Changements dans la sensibilité à l’insuline :

Le detraining peut réduire la sensibilité à l’insuline, ce qui a des implications pour la gestion du glucose et peut augmenter le risque de développer un diabète de type 2.

Augmentation de la masse grasse :

Avec la réduction de l’activité physique, il peut y avoir une augmentation de la masse grasse, en particulier si l’apport calorique n’est pas ajusté en conséquence.

Mais malheureusement, les sportifs te le diront : lorsque tu ne t’entraines pas, tu t’ennuies.

Et tomber dans le paquet de gâteau est un piège… difficilement évitable quand tu t’ennuies !

Diminution de la masse maigre :

Parallèlement à l’augmentation de la masse grasse, il peut y avoir une diminution de la masse maigre, affectant la composition corporelle globale de l’athlète.

Comment contrer le désentrainement en tant que kinésithérapeute ?

Voici nos guidelines (basées sur notre pratique de la réathlétisation depuis plusieurs années, et sur la science tu t’en doutes bien quand même #JeanMichelPubMed).

Maintien de l’activité physique adaptée :

Même en l’absence d’un entraînement intensif, il est crucial de maintenir un niveau d’activité physique important.

Mais pour ça, il faut savoir comment évaluer notre patient.

Et nous pouvons t’aider grâce à nos formations sur le sujet (je dis ça, je dis rien).

Car oui, si tu n’évalues pas : tu traites au hasard.

Et l’entrainement, ça s’évaluer, ça se calibre, et ça s’adapte au potentiel et aux objectifs de chacun.

Exercices de renforcement adaptés :

Le renforcement ne doit jamais s’arrêter.

Nous devons juste l’adapter au mieux.

Des outils assez incroyables comme le BFR (blood flow restriction) peuvent nous aider à limiter la perte de force et de masse musculaire, sans trop charger les articulations par exemple.

Travail de mobilité :

Des routines de mobilité adaptées aux besoins et aux déficits des athlètes aident à maintenir la mobilité et peuvent réduire le risque de douleurs lors de la reprise de l’entraînement plus intensif.

Ajustement de l’apport calorique :

Avec une réduction de l’activité physique, il est essentiel d’ajuster l’apport calorique pour éviter une prise de poids indésirable (et surtout une prise de masse grasse).

Et pour la cicatrisation, il faudra optimiser l’apport en protéine.

Hydratation :

Une hydratation adéquate est cruciale, même en période de moindre activité physique.

Gestion du stress :

Des techniques telles que la méditation, la respiration profonde ou juste… le dialogue, peuvent aider à gérer le stress et l’anxiété liés au manque de la pratique sportive.

Objectifs réalistes :

Se fixer des objectifs réalisables pendant la réathlétisation peut aider à maintenir la motivation et amener un certain sentiment d’accomplissement au patient.

Soutien social :

Le maintien d’un soutien social et psychologique, y compris des entraîneurs, des coéquipiers et des professionnels de la santé, est essentiel pour le bien-être mental.

Et en tant que kinésithérapeutes… nous sommes bien placés pour aider les patients sportifs à mettre des mots sur leurs maux (pas mal celle-ci, non ?).

Conclusion sur le désentrainement

Pour les kinésithérapeutes travaillant avec des athlètes en période de désentrainement (donc tous les kinés quoi…), il est crucial de comprendre les défis uniques que cette période peut représenter.

En tant que professionnels de santé, nous, les kinésithérapeutes, jouons un rôle clé dans la conception de programmes d’exercices adaptés qui non seulement aident à maintenir la condition physique de l’athlète, mais aussi à prévenir les potentielles blessures lors de la reprise de l’entraînement.

En outre, les kinésithérapeutes peuvent offrir des conseils précieux en matière de nutrition et de bien-être mental (oui, cela fait partie de notre champ de compétence), aidant les athlètes à naviguer dans cette période difficile avec une approche holistique.

En collaborant étroitement avec les athlètes, les entraîneurs et d’autres professionnels de la santé, les kinésithérapeutes peuvent contribuer de manière significative à une reprise réussie et durable de l’entraînement, tout en préservant la santé et le bien-être à long terme de l’athlète.

Et c’est… notre projet (comme disait un célèbre orateur bien connu de nous tous).

Allez, bonne réathlé’ !

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