Les pathologies de genou sont courantes dans nos cabinets libéraux. Qu’on soit face à des patients sportifs ou sédentaires, on en retrouve de plus en plus. En France, sur 28914 personnes âgées entre 30 et 69 ans, il y aurait même entre 18 et 30% de douleurs chroniques au niveau du genou. Ces chiffres issus de l’étude de (Carton, 2016) sont assez dingues, mais réels… On peut retrouver toutes sortes de pathologies de genou : tendinopathies de l’appareil extenseur, arthrose, atteinte méniscale, syndrome fémoro-patellaire, traumatisme avec atteinte ligamentaire… Quoi qu’il arrive, nos rééducations sont la plupart du temps actives, et nous mettons en place des programmes de remise en charge avec des exercices de renforcement musculaire (entre autres). Mais, pourquoi ?
Les genoux douloureux sont moins forts que les genoux « sains »
Selon (Wallace, 2017), aux États-Unis d’Amérique, la prévalence de l’arthrose de genou est 2 fois plus élevée depuis la révolution industrielle (fin du XXème siècle). Bon, c’est vrai qu’à l’époque, le diagnostic était surement plus complexe qu’actuellement… Mais c’est un vrai sujet, avec de plus en plus de cas chez nos anciens, qui nécessitent souvent une opération pour « résoudre » le problème…
D’ailleurs, si tu veux aider très rapidement tes patients en modifiant leurs symptômes dès la première séance… nous t’avons préparé un guide totalement gratuit à ce sujet. Tu peux le télécharger en cliquant directement sur l’image ci-dessous :
D’après la méta-analyse d’une équipe Norvégienne (Øiestad, 2015), la faiblesse des muscles extenseurs du genou était associée à un risque accru de développer de l’arthrose au niveau du genou au cours d’un suivi de 2 à 14 ans chez des hommes et des femmes.
En 2018, Luc-Harkey a comparé la force des ischio-jambiers et du quadriceps à un score fonctionnel pour l’arthrose de genou (score KOOS : Knee Injury and Osteoarthritis Outcomes Score). Ce questionnaire permet d’évaluer la douleur, les symptômes et l’impact de ces derniers sur les activités de la vie quotidienne. Les résultats sont très intéressants : pour la force du quadriceps, les sujets du quartile le plus fort (ceux qui avaient le plus de force sur l’extension de genou) ont obtenu des meilleurs scores que tous les autres quartiles. C’était exactement la même chose pour la force des ischio-jambiers. En revanche, la force développée n’était pas associée à l’importance des dommages structuraux (ni en bien, ni en mal).
Pour se rapprocher d’une population un peu plus jeune, nous allons parler du fameux syndrome fémoro-patellaire. Ce syndrome douloureux fémoro-patellaire est défini comme une douleur à l’avant du genou, située plus précisément autour de la patella. C’est un peu le diagnostic « fourre-tout » des douleurs de genoux non spécifiques. Selon (Briani, 2021), des femmes diagnostiquées pour un syndrome fémoro-patellaire présentent des déficits faibles à importants de la force maximale des fléchisseurs et des extenseurs du genou (p≤0,016) par rapport à des femmes sans douleur de genou. Cette perte de force ne semble en revanche pas corrélée à l’auto-évaluation subjective.
La force des muscles qui entourent le genou est donc importante, nous l’avons bien compris. Mais pour savoir si nos patients présentent un déficit de force, il faut pouvoir l’évaluer correctement. Mais comment le faire de manière fiable et valide au cabinet de kinésithérapie, ou sur le terrain ?
Les dynamomètres de pression pour évaluer la force des muscles du genou
Mentiplay (2015) a comparé l’utilisation de deux dynamomètres de pression manuels de marques différentes au gold standard de l’évaluation de la force musculaire, à savoir un dynamomètre isocinétique.
On peut observer sur la figure ci-dessus que la mesure de la force en flexion de genou a été réalisée en plaçant le dynamomètre sur le ¼ inférieur du mollet, sujet assis à 90° de flexion de hanche et de genou, pied dans le vide, le sujet se tenant à la table.
La force en extension de genou a été évaluée dans la même position, mais avec le dynamomètre placé juste au-dessus de la cheville, sur la partie antérieure du segment jambier.
Les résultats montrent que la validité des mesures de force maximale était bonne à excellente (ICC>0,75). Cela veut dire que la corrélation avec la mesure de la force maximale sur l’outil de référence qu’est le dynamomètre isocinétique est bonne. Donc, les dynamomètres de pression manuels évaluent bien la force maximale (plutôt cool pour le prix réduit par rapport aux dynamomètres isocinétiques, non ?).
La fiabilité intra-évaluateur était bonne à excellente (ICC>0,75) pour toutes les mesures de force maximale : flexion et extension de genou. Donc, en gros, tu as de fortes chances de retrouver le même résultat si tu réalises la mesure dans les mêmes conditions que la fois précédente. C’est ça la fiabilité. La marge d’erreur est plutôt faible, et ça c’est génial en pratique !
Donc selon cette étude, la dynamométrie portative est un outil fiable et valide pour l’évaluation de la force isométrique des extenseurs et des fléchisseurs du genou. C’est très intéressant, en particulier pour les patients qui présentent des pathologies de l’appareil locomoteur au niveau de la région du genou.
En 2019, l’équipe de Sung a réalisé une étude pour évaluer la validité des dynamomètres de pression manuels (en les comparant toujours aux dynamomètres isocinétiques), et leur fiabilité, sur l’extension de genou dans une position allongée (différent de la position de l’étude précédente).
L’ICC pour la fiabilité intra-évaluateur était de 0,98, et de 0,98 pour la fiabilité inter-évaluateurs. La corrélation avec l’isocinétisme était de 0,927. Donc… vraiment de très beaux résultats !
Pour changer de population, et évaluer les fléchisseurs de genou, selon (Van der Made, 2021) chez des joueurs de rugby de haut niveau, la dynamométrie portative pour l’évaluation isométrique de la force des fléchisseurs du genou couché sur le ventre (0° d’extension de hanche et 15° de flexion de genou) et en position couchée sur le dos (90° de flexion de hanche et 90° de flexion de genou) est fiable en inter-examinateur (ICC>0,8).
À la vue de tous ces résultats très encourageants, il semble donc pertinent d’utiliser des outils portatifs de qualité au cabinet, ou sur le bord du terrain, pour avoir des résultats fiables et valides.
Comment évaluer la force des genoux au cabinet ou sur le bord du terrain ?
Pour réaliser un test d’évaluation fiable au dynamomètre de pression, il y a quelques règles à respecter :
- Tout d’abord, nous devons standardiser le passage du test (fixer les conditions de passage du test).
- Ensuite, nous devons comparer les valeurs relevées au côté opposé (sinon nous n’avons pas de données pertinentes à comparer).
- Plus votre main (qui tient le dynamomètre) sera fixe (assez complexe parfois), plus la valeur sera fiable (car vous ne compenserez pas différemment à chaque fois en poussant vous-même plus ou moins fort contre la personne évaluée).
Ces indications sont toutes détaillées dans l’application mobile KFORCE APP, qui vous épaulera au quotidien dans vos mesures.
Le dynamomètre de pression manuel KFORCE MUSCLE CONTROLLER de chez Kinvent est extrêmement polyvalent et très facile d’utilisation pour évaluer la force des muscles qui entourent les genoux de vos patients ou de vos athlètes.
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Thomas Benayoun, Kinésithérapeute du Sport et Préparateur Physique
Bibliographie
- Mentiplay BF, Perraton LG, Bower KJ, Adair B, Pua YH, Williams GP, McGaw R, Clark RA. Assessment of Lower Limb Muscle Strength and Power Using Hand-Held and Fixed Dynamometry: A Reliability and Validity Study. PLoS One. 2015 Oct 28;10(10):e0140822. doi: 10.1371/journal.pone.0140822. PMID: 26509265; PMCID: PMC4624940.
- Øiestad BE, Juhl CB, Eitzen I, Thorlund JB. Knee extensor muscle weakness is a risk factor for development of knee osteoarthritis. A systematic review and meta-analysis. Osteoarthritis Cartilage. 2015 Feb;23(2):171-7. doi: 10.1016/j.joca.2014.10.008. Epub 2014 Nov 1. PMID: 25450853.
- Carton M, Santin G, Leclerc A, Gueguen A, Goldberg M, Roquelaure Y, et al. Prévalence des troubles musculo-squelettiques et des facteurs biomécaniques d’origine professionnelle : premières estimations à partir de Constances. Bull Epidémiol Hebd. 2016;(35-36):630-9.
- Wallace IJ, Worthington S, Felson DT, Jurmain RD, Wren KT, Maijanen H, Woods RJ, Lieberman DE. Knee osteoarthritis has doubled in prevalence since the mid-20th century. Proc Natl Acad Sci U S A. 2017 Aug 29;114(35):9332-9336. doi: 10.1073/pnas.1703856114. Epub 2017 Aug 14. PMID: 28808025; PMCID: PMC5584421.
- Luc-Harkey BA, Safran-Norton CE, Mandl LA, Katz JN, Losina E. Associations among knee muscle strength, structural damage, and pain and mobility in individuals with osteoarthritis and symptomatic meniscal tear. BMC Musculoskelet Disord. 2018 Jul 27;19(1):258. doi: 10.1186/s12891-018-2182-8. PMID: 30049269; PMCID: PMC6062861.
- Sung KS, Yi YG, Shin HI. Reliability and validity of knee extensor strength measurements using a portable dynamometer anchoring system in a supine position. BMC Musculoskelet Disord. 2019 Jul 8;20(1):320. doi: 10.1186/s12891-019-2703-0. PMID: 31286912; PMCID: PMC6615264.
- Van der Made AD, Paget LDA, Altink JN, Reurink G, Six WR, Tol JL, Kerkhoffs GM. Assessment of Isometric Knee Flexor Strength Using Hand-Held Dynamometry in High-Level Rugby Players Is Intertester Reliable. Clin J Sport Med. 2021 Sep 1;31(5):e271-e276. doi: 10.1097/JSM.0000000000000793. PMID: 31842051.
- Briani RV, de Oliveira Silva D, Ducatti MHM, Lopes HS, Ferreira AS, Mentiplay BF, de Azevedo FM, Barton CJ. Knee flexor strength and rate of torque development deficits in women with patellofemoral pain are related to poor objective function. Gait Posture. 2021 Jan;83:100-106. doi: 10.1016/j.gaitpost.2020.10.011. Epub 2020 Oct 16. PMID: 33129169.
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